
La victime de trop
Les patients ainsi abusés ne sont pourtant pas des cervelles de moineaux et sont de tous âges et de toutes catégories sociales. Mais quelquefois la victime de telles thérapies est la victime de trop, celle qu’il n’aurait pas fallu viser.
Si pour une certaine « thérapeute par les couleurs » cette victime de trop était sa propre belle-fille, pour l’humanothérapeute Benoît Yang Ting et sa femme complice, la victime est une avocate du nom de Maître Sophie Poirot.
Maître Sophie Poirot entrera en analyse sur les conseils de son père. C’est ainsi qu’elle croisera le chemin de cette sorte de thérapeute holistique qui et commencera un cycle de consultations pour surmonter un viol dont elle aurait été victime dans l’enfance. Ce souvenir refoulé aurait été la source de son mal-être qui n’avait rien d’imaginaire. Voila qui justifie de la mise en place d’un traitement lourd à base de stages intensifs et autres séances individuelles pour un total de 238 000 euros.
Seulement voila, un beau jour l’avocate comprendra n’avoir jamais subi ce dont elle pensait se souvenir après être passée entre les mains de Benoît, l’humanothérapeute tripoteur.
La mise sous emprise
Tripoteur oui, et même plus, car si sa patiente n’a pas subi de viol avant de le rencontrer, elle consentira sous emprise à des relations sexuelles avec Benoît Y T après avoir dû revivre des souffrances de viol nue sur un divan de psychothérapeute. On ne sait pas ce que faisait Madame Benoît pendant ce temps.
Évidemment, persuadée d’actes de pédophilie de son père à son endroit, Maître Sophie Poirot va rompre tout lien avec sa famille, mais aussi avec ses amis qui s’étonnent de son comportement. L’emprise peut alors se resserrer par son isolement.
Mais comment a-t-elle pu s’en sortir, puisque comme elle le dit elle-même : « Vous finissez par croire tout ce qu’il vous dit. Une fois que le mécanisme de l’emprise se met en place, vous ne pouvez plus dire non. » ?
Opération Rescue
Il a fallu qu’un homme la sorte de sa torpeur et ose faire face aux menaces, ce qui est finalement arrivée en 2001, alors que le cauchemar avait commencé en 1993, soit 12 ans auparavant ! Cet homme qui l’a extraite des griffes de Benoît Y T lui avait fait réaliser que tous les patients du psy Benoît avaient les mêmes souvenirs de viol. Son sauveur est devenu son mari et celui qui l’épaulera dans l’œuvre de dénonciation de la dérive sectaire dont elle a été la proie. Après des déconvenues judiciaires, il lui faudra encore des années pour que le gourou se retrouve en correctionnelle, accusé d’abus de faiblesse avec complicité de son épouse. Eh c’est que chez ces gens là les saloperies se commettent en couple !
Le courage de l’avocate et de son mari permettront aussi à d’autres langues de se délier : Bernard Toucheboeuf, consultant en management, dira avoir dépensé 750 000 euros en thérapie avec le même Benoît pour avoir vu dans sa vie fœtale l’aiguille à tricoter que sa mère avait introduit dans son utérus pour tenter de le tuer. Le consultant en question racontera aussi que l’humanothérapeute escroc – pléonasme – avait brisé sa famille en le séparant d’abord de ses parents qui l’auraient maltraité dans son enfance. Puis, à partir du moment ou il mettra en doute la parole du gourou, soit 23 ans après, c’est sa femme et sa fille qu’il perdra. Ainsi, son épouse témoignera en faveur de Benoît Y T et obtiendra la garde de sa fille qu’elle a remis entre les mains du « thérapeute », devinez alors de quoi se souvient la jeune fille ? D’autres victimes se manifestent, malheureusement la prescription des trois ans en matière de délits les empêche d’agir sinon comme simples témoins.
Les modes usuels de défense des endoctrinants
Évidemment le gourou, bien qu’absent, et son épouse démentent les accusations « atroces et calomnieuses ». Sa femme met en valeur la satisfaction d’autres patients ainsi que leur volonté de n’agir que pour leur bien. Pardi !
Ils utilisent également le procédé d’inversion accusatoire typique des endoctrinants, puisqu’ils s’en prennent au mari de leur victime qui aurait monté tout le monde contre eux. Ce serait d’ailleurs à s’interroger s’ils ne l’accusent pas lui d’avoir monté sa secte ! Ca s’est déjà vu d’ailleurs.
Benoît Y T produit ses témoins de moralité, parmi lesquels un sénateur apparenté socialiste qui vante son engagement social, un psychiatre hospitalier qui n’a rien contre les séances à poil sur les divans.
On imagine déjà la plaidoirie des avocats du couple Benoît Y T : “Les élucubrations développées par Monsieur et Madame Poirot devant le Juge concernant le fait que Monsieur Benoît Y T aurait “envouté” Sophie afin de lui soutirer de l’argent … sont d’un ridicule affligent (sic) et pathétique et n’ont été émises par le mari et le père que pour éviter de réfléchir sur leurs propres responsabilités quant au mal être …!!!”
Même si ceci n’est pas dit au mot près on connaît le refrain. La suite consiste à utiliser des précédents contre les accusateurs, les avocats de Benoît Y T ont ainsi rappelé qu’il avait obtenu un non-lieu dans une procédure antérieure, la justice est souvent mal informée sur la nature de telles phénomènes. Ce qui justifie d’ailleurs lors des audiences, la présence de Maître Jougla, ancien avocat qui se dévoue à la contradiction et au dévoilement des endoctrinants : « Le faux souvenir … permet à un nouveau système de valeurs de se mettre en place et de remplacer l’antérieur. »
Une jurisprudence attendue
Cette fois les magistrats ne semblent pas disposés à se laisser abuser eux aussi, pour le parquet, la procureure Felici n’hésite pas à parler d’une « couple maléfique » comme on en connaît d’autres, et requiert 18 mois de prison avec sursis et 12 mois de prison avec sursis pour sa femme, outre 100 000 euros d’amendes.
Espérons donc pour ce 12 juin 2012 une condamnation qui fera jurisprudence et comme le précise Claude Delpech de l’AFSI (Association Faux Souvenirs Induits) : « Quelle que soit l’issue du procès, nous avons déjà gagné une chose: la médiatisation autour de ce procès a permis de faire connaître cette pratique. Peut-être que certaines personnes manipulées ou leurs familles pourront se reconnaître dans les témoignages parus dans la presse et s’en sortir. »
On pense bien sûr à l’affaire Iacono, mais pas seulement.
Xavier Collet
Merci d’en parler, l’affaire Yang Ting est une très grosse affaire qui est assez représentative d’une déviance du tout psycho. Les choses se passent bien comme vous le dîtes, cela pourrait être le point de vu de quelqu’un qui l’a subi.
Nous subissons tous l’influence des psy et les plus exposés sont nos enfants.
Dans le cadre d’un déclenchement d’une mesure éducative ordonné par le juge, qui, vous demande de subir une expertise vous et votre enfant, qui est souvent orienté et influencé par des rapports outrancier sur les familles de la part des travailleurs sociaux.
Des magistrats qui refuse de lire les expertises privés payé par les parents, voici ce monde de semblent d’égalité dans le quel nous vivons.
Bonjour, après une consultation de psychologue, puis une assistante sociale, puis un psychiatre, ma femme s’est mise en tête, il y quelques années déjà, que je risquais de la tuer un matin. Elle y croyait dur comme fer. Le psychiatre lui a dit « quittez le ». Il ne m’avait jamais reçu ni rencontré, avait refusé de me parler au téléphone. L’assistante sociale vers qui j’étais remonté, ma fait la même chose : allez-vous en, je ne veux pas voir voir ! La psychologue que j’ai réussi à consulter m’a dit que ma femme lui avait dit en pleurant que je voulais la tuer ! Jamais cela ne m’avait couru dans l’esprit. J’ai bien compris que ma femme s’était faite une sorte de crise avec des peurs importantes, et je n’ai rien pu faire pour la dégager de cela, les intervenants la croyait en réel danger ! Je savais qu’elle se fabriquait des histoires et ils ont préféré la laisser aller dans sa pathologie encore plus gravement au lieu d’accepter de m’écouter. Il n’y a que la psychologue qui a reconnu son erreur, et m’a dit qu’elle avait senti quelque chose chez ma femme, mais elle ne savait pas quoi, et quand elle avait voulu mettre le doigt dessus, ma femme n’était plus revenue chez elle. C’est l’assistante sociale qui a mis un psychiatre en rempart. J’ai appris très longtemps après que ce psychiatre pratiquait des séances d’hypnose. Je vis seul, ma femme vit seule… Les enfants sont entre les deux, ballotés. Si l’un des deux dans le couple à une légère fragilité mentale avec des déficiences ou troubles de mémoire qui apparaissent de façon cyclique, qui faut-il aller voir pour soigner la personne sans risquer de briser la vie de couple et morceler la famille ?
Votre commentaire est tout à fait précieux Jacques. Sans conteste, ces « pro » qui ont brisé votre couple vous doivent des comptes surtout qu’il est possible que d’autres aient eu à pâtir de leur « brillante analyse ». Avez vous creusé un peu concernant ce professionnel qui pratiquait l’hypnose ?