L’arme de l’internement (2)

Dans un précédent volet consacré à l’internement psychiatrique nous avions parlé du cas de Madame Valérie Dubois, victime d’un internement psychiatrique abusif qui a pu la séparer de ses enfants. Si depuis, cet internement  abusif a bien été reconnu comme tel par la justice, les enfants pleurent encore pour retrouver leur maman !

L’internement psychiatrique à la demande d’un tiers n’est pas sans poser de graves problèmes, sous le titre « L’arme de l’internement  » nous abordons ici un autre terrible cas.

L’odeur du sang dans le marigot

Jean-Louis Caccomo enseigne à l’université de Perpignan, il n’y a pas que des amis : le milieu peut être rudes et les places sont convoitées.

Jean-Louis Caccomo
Jean-Louis Caccomo

Jean-Louis a aussi une faiblesse : il vit une séparation, puis un divorce difficile pour un père de famille. Il a du mal à se relever de cette épreuve qui s’ajoute à d’autres liées à une cabale dans son environnement professionnel. Sa famille en avait déjà souffert, les ennuis s’accumulant il entre en dépression et au centre hospitalier de Thuir.

Une hospitalisation pour dépression, voila qui fait jaser, mais Jean-Louis Caccomo réintègre ses fonctions, se remet. Qu’à cela ne tienne, on ne l’oublie pas.

Le 14 février 2013, le président de l’université de Perpignan, employeur de Jean-Louis Caccomo demande l’internement psychiatrique selon la procédure d’urgence sur la foi d’un seul certificat médical établi en dehors de la présence de l’intéressé et rédigé par un médecin exerçant dans l’établissement d’internement. Le procédé est pour le moins discutable, le code de la santé publique prévoit effectivement que l’on ne peut interner sans garanties supplémentaires faute de quoi on parlerait d’internement abusif…

Nid de coucous

Qu’à cela ne tienne, l’enseignant gêneur commence une traversée de l’enfer qui va durer plus de 15 mois. Il y perdra une grande partie de sa dentition, tous ses ongles, sombrera dans un état d’abrutissement à coup de psychotropes, menacé d’électrochocs, avec pour corolaire un syndrome de fatigue chronique.

Pendant tout ce temps il ne pourra assumer ses obligations de père, exposant son ex-femme à une situation difficile, son fils Tom subira de plein fouet la situation de son père. On parlera en mal de son papa à l’école, du statut de brillant élève Tom décroche, il rate son bac et se fait suivre par un pédopsychiatre. Il en faut à peine plus pour que les sévices sociaux s’en mêlent.

Il paraît que l’on ne doit pas attenter à la dignité du patient, enfin c’est ce que dit encore le code de la santé publique, il paraît même que l’on doit l’associer aux décisions qui le concernent, et pour le moins lui notifier les maintiens en internement ainsi que ses droits. Les textes sont si beaux qu’ils nous en feraient oublier l’arbitraire des pratiques.

Comme le premier François Hollande venu …

Et pourtant, un mois après son internement, Jean-Louis, avait un bon rapport pour un économiste déséquilibré : 

« On ne note pas de préoccupation délirante, de fuite des idées, de versatilité de l’humeur, de débordement instinctuel. Son humeur est syntone, son comportement adapté, sans composante ludique ou trouble du sommeil signalé. Son autocritique est de bonne qualité : le trouble à l’origine de l’hospitalisation ne semble plus être présent.

La patient est à même de soutenir un échange verbal de bonne qualité ». 

Bon, le problème quand même c’est que Jean-Louis s’est ouvert sincèrement comme le premier François Hollande venu qui nous prétendrait être président de la république » :

«  il serait en train d’écrire un livre et il s’était engagé à être présent à trois congrès. Il dit avoir été nommé aux relations internationales et avoir passé des conventions avec des universités au Maroc, Thaïlande et Mexique. » 

fouLe juge des libertés considèrera donc qu’il « présente toujours, au sens de l’article L3212-1 du CSP, des troubles mentaux qui rendent impossible un consentement authentique et suffisant de sa part aux soins immédiats ». 

Revoila donc Jean-Louis maintenu en internement, sauf qu’il était bien invité a des congrès savant, qu’il a bien depuis sorti un nouveau livre et qu’il enseigne aussi auprès d’universités étrangères ! 

Il ne réussira à s’en sortir, enfin le croit-il, que par un transfert de l’hôpital de Thuir à une clinique spécialisée de Montpellier qui parviendra à le remettre sur pieds en mois de trois mois, le rendant à la liberté le 20 juin 2014. Mais si la clinique a travaillé correctement, il faut aussi noter qu’elle ne l’a pas fait dans le cadre de l’internement psychiatrique. En effet, Jean-Louis n’avait jamais été informé que l’acceptation du transfert n’était que la conséquence de la levée de l’internement. Pendant presque trois mois il s’est donc cru interné alors qu’il ne l’était plus !

Le partage des dépouilles

Jean-Louis Caccomo attaque ensuite les responsables de sa situation, d’abord l’hôpital en mettant en avant le fait que la décision d’hospitalisation était absente de son dossier médical et que le président de l’université n’avait pas qualité à demander un internement psychiatrique puisqu’il ne saurait prétendre agir dans l’intérêt de son personnel. D’ailleurs cet internement a été justifié par le président de l’université au nom d’un principe de précaution ! Allez comprendre …

À moins qu’il ne s’agisse de prémunir de futurs étudiants d’une crise de lucidité face à un enseognant dont, à y regarder de plus près, les cours ne donnent pas dans l’idôlatrie de l’État ?

Il est vrai qu’en son absence, les responsabilités exercées par Jean-Louis ont été réattribuées. Ainsi il perd la responsabilité pédagogique du Master Finance qu’il avait créé, celle de responsable des relations internationales de l’institut d’administration des entreprises.

Lorsqu’il réclamera que ses responsabilités lui soient rendues, il retrouvera de bon matin au pas de sa porte les infirmiers prêts à l’interner à nouveau.

Un enseignant selon notre cœur

Jean-Louis a pu faire échec à cette tentative d’internement, mais combien de temps résistera-t-il ?

En suivant de plus près sa situation et ses déconvenues antérieures à sa séparation, on trouve bien des éléments qui ne doivent pas être écartés de la compréhension de l’acharnement qu’il subit.

Ainsi, depuis 18 ans, Jean-Louis Caccomo est maître de conférences en sciences économiques à l’université de Perpignan.

C’est un enseignant selon notre cœur puisqu’il n’est pas de ces propagandistes labellisés professeurs qui prêche que toute intervention publique participe à la réalisation de l’intérêt général. Il n’a jamais administré ce venin qui fait que la plupart des familles détruites par l’État ont cru pouvoir compter sur l’aide et l’honnêteté de fonctionnaires du social.

Non, Jean-Louis a écrit et milité pour les libertés individuelles, il a mis en cause l’étatiquement –politiquement correct démontrant dans ses recherches le caractère nuisible de l’interventionnisme d’État, dénonçant l’aliénation par l’Etat Providence. Il nous a rejoint dans notre défense immodérée de la famille à travers le principe de subsidiarité.

Une pétition pour briser une carrière

De telles positions lui ont valu de nombreuses inimitiés et à rebours toute notre amitié et soutien.

Ainsi, bien placé pour l’agrégation des universités de 2004, Jean-Louis et d’autres enseignants aussi bien inspirés que lui, avaient fait l’objet d’une campagne de dénonciation organisée par d’autres enseignants. Une lettre ouverte de François Legendre et Yannick L’Horty appelait à pétitionner contre des candidats à l’agrégation des universités dont la pensée serait vraiment trop insoutenable, pétition signée par de multiples enseignants et qui précisait :

La très laïque église de l'Etat Roi
Au nom de la très laïque église de l’Etat Roi, je vous le dis : celui qui ne croit pas en les vertus de l’Etat et de ses saintes intentions, celui-là ne saurait être des nôtres.

« Les résultats de la première épreuve viennent d´être publiés. A l´issue de cette épreuve sur travaux, où les candidats exposent leurs recherches devant le jury qui les interroge, il vient d´être arrêté une « liste des candidats autorisés à poursuivre le concours d´agrégation de science économique ».

Cette liste de 40 noms, sur 105 candidats, a été rendue publique le 5 février 2004 par le Ministère (15 postes sont attribués au concours cette année). Si le choix du président, puis celui du jury, a pu hier susciter l´émotion de quelques-uns et donner lieu au vote d´une motion défavorable du Conseil National des Universités, les résultats de l´épreuve sur travaux suscitent aujourd´hui une désapprobation générale. Il est apparu que le contenu des travaux de certains candidats retenus par le jury et leurs prises de position publique en tant qu´économistes méritaient d´être portés à la connaissance du plus grand nombre.

Il ne s´agit pas de discuter les décisions d´un jury évidemment souverain et désigné dans les règles par le Ministère. Il ne s´agit pas non plus de mettre en question l´agrégation qui demeure la modalité de recrutement privilégiée des professeurs de sciences économiques en France. Il s´agit simplement d´informer une fois encore pour qu´aucun ne puisse dire, dans quelques temps, « je ne savais pas » et pour que chacun puisse agir en conscience et en fonction de ce qu´il souhaite vraiment pour l´avenir de notre discipline.  Toutes les informations de ce dossier sont publiques et disponibles sur Internet, les sources ont été systématiquement précisées et sont accessibles par CTRL + clic. Ces informations n´ont fait l´objet d´aucune manipulation, elles sont fidèles à ce qui a été publié par les institutions et les personnes qui les mettent en lignes. Ce dossier d´information a été constitué par un collectif d´enseignants d´économie dans le but de préparer une prise de position collective de l´ensemble de la profession. »

Des dénonciations continuent donc avec la mise en cause des travaux et activités scientifiques de Jean-Louis Caccomo ainsi que d’autres professeurs candidats, on peut lire ainsi :

« Quatre sur sept appartiennent à la société du Mont Pèlerin, fondée par Friedrich Hayek, dont les membres trouvent « dangereux l´expansion des gouvernements, et pas seulement dans le domaine de la protection sociale ». 

Des économistes qui trouvent « dangereux l’expansion des gouvernements » ne seraient donc pas dignes de détenir une agrégation des universités ? Pourtant, dans notre combat au nom des familles, nous démontrons par des exemples multiples les destructions organisés par les sévices sociaux. Cette dénonciation serait donc blâmable, indigne d’universitaires, le résultat de cerveaux déséquilibrés ?

Plus loin il est dénoncé le fait que :

« Trois membres sur sept ont participé à la conférence pour le 200ème anniversaire de la naissance de Frédéric Bastiat, organisé par les cercles Frédéric Bastiat, créés par l´ALEPS »

Frédéric Bastiat est, précisons le, un des plus grand économistes français, il a démystifié le rôle de l’État et démontré que les fonctionnaires recherchent d’abord leur propre intérêt sous couvert de prétendre servir l’intérêt de leurs administrés. Nous ne cessons au CEDIF d’ouvrir les yeux des familles sur les véritables motifs d’intervention de l’ASE : multiplier les budgets et créer des postes au prix de placements injustifiés. Sommes-nous pour cela de ces cerveaux dérangés ? Précisons aussi à nos lecteurs que parmi les participants à la conférence incriminée ci-dessus, s’il y avait bien Jean-Louis Caccomo, il y avait aussi le président du CEDIF !

Thinkcrime

Quant au dossier « à charge » de Jean-Louis Caccomo, il est mis à la disposition de ceux qui veulent bien le démolir, pourtant il ne se trouve rien dans ce dossier dont il aurait à pâlir : 

«Jean-Louis Caccomo

MCF à l´Université de Perpignan. Plusieurs publications dans des revues reconnues. Intervient avec P. Salin sur le site anti-pensée unique Conscience politique.org et publie de nombreux pamphlets dans action libérale.org et dans le quebecois libre. http://www.conscience-politique.org/economie.htm http://www.action-liberale.org/auteurs/Caccomo.html http://www.quebecoislibre.org/apcaccomo.htm » 

Non vraiment rien dont il aurait à pâlir, d’autant que l’on retouve sur le Québécois Libre des articles écrits par le président du CEDIF avant et après la création de notre comité donc, en partie, en défense des positions profamille.

Des extraits d’articles publiés en anglais par Jean-Louis Caccomo sont exposés pour critique, prenons la peine de traduire :

« La tendance à confondre la rhétorique du racisme et de l’exclusion avec celle du marché libre constitue une signe dérangeant d’une profonde régression intellectuelle et d’une manipulation mentale. La morale et la philosophie du marché n’a rien à voir avec le culte d’un égoïsme aveugle, au contraire la morale du marché s’interdit de juger chaque individu en fonction de la couleur de sa peau, de son origine ethnique, de son milieu social ou de son sexe. Une société basée sur l’individualisme considère qu’avant d’être un homme ou une femme, un paysan ou un professeur, un noir ou un blanc, un col bleu ou un col blanc, nous sommes des indidus à part entière. »

Quel crime d’avoir dit une chose pareille, et pourtant nous nous inscrivons dans cet écrit de Jean-Louis Caccomo en ajoutant pour paraphraser le penseur Max Stirner :

« Si quelqu’un voit en nous autre chose que des hommes, nous ne le regarderons pas non plus comme tel, mais comme un monstre et le traiterons pareillement. »

Nous sommes des hommes, plus exactement des individus, nous sommes une fin en nous même et non pas des moyens au service des intérêts de quelques-uns.

Nos enfants ne sont pas des moyens aux fins de promotion sociale ou de création d’emplois pour travailleurs sociaux. Et nous appelons « monstres » ceux qui osent nous traiter comme leur bétail en prétextant d’une mission de sévice public.

Il faudra bien que certains nous dénoncent aussi pour oser le dire, pour réaffirmer ainsi tout ce qui est dans notre manifeste.

Le déshonneur de toute une profession 

Jean-Louis Caccomo sera particulièrement affecté par ces attaques dont il prendra connaissance deux jours avant de passer l’examen de leçon d’économie générale. Il était alors prêt à tout abandonner sachant que la chasse aux candidats de sa sensibilité était lancée, mais il ne pouvait pas répondre aux attaques et aux provocations tenu à la réserve en tant que candidat. Il ne savait pas encore jusqu’à quel point les attaques vont prospérer. Mais déjà les media mainstream, Le Monde, Libération et … Charlie Hebdo vont participer à la curée.

Les défenseurs de l’infaillibilité de l’État et de la vertu du sévice public ont alors triomphé, ils ont pu déstabiliser un jury qui n’était, pas acquis à ses thèses. Jean-Louis Caccomo ne sera pas reçu à l’agrégation des universités en dépit du fait que ses compétences sont bien au-delà de nombres d’économistes reçus. Enfin, économistes, on se comprend, considérant les thèses étatistes propagées…

Nous sommes en 2004, Jean-Louis Caccomo restera donc maître de conférence, à ce jour il ne sera jamais professeur des universités françaises (et c’est tout à son honneur) en dépit de ses nombreuses initiatives et responsabilités auprès d’universités étrangères moins sectaires.

Oubliez moi !

Le concours passé, il ne se privera tout de même pas d’écrire aux pétitionnaires :

« (…)°Quel fut mon crime en me présentant à ce concours ? De ne pas avoir les mêmes convictions que les vôtres ?

C’est vrai que la diversité et la liberté de penser est néfaste à l’avancée de la recherche dans le secteur public. Je vous suggère de faire exécuter tous les individus qui osent avoir une opinion personnelle. D’ailleurs, telle n’est pas votre fonction dans les instances universitaires ?  

Maintenant que vous avez contribué à détruire ma carrière, je vous suggère de m’oublier. »

La suite des évènements montre qu’une telle suggestion n’a pas été suivie.