La question de la justice des mineurs
La juge des enfants Catherine Sultan, présidente du tribunal pour enfants de Créteil et ancienne présidente de l’AFMJF, sur laquelle nous nous sommes déjà exprimé défavorablement (https://comitecedif.wordpress.com/2012/03/05/de-la-justice-des-mineurs-dans-le-meilleur-des-mondes/), se fait connaître à l’occasion d’un livre : « Je ne parlerai qu’à ma juge ».
La campagne de publicité de son ouvrage lui donne l’occasion de s’exprimer sur la justice des mineurs dans un sens qui n’est absolument pas celui du CEDIF.
Rappelons que pour nous la question de la justice des mineurs doit se scinder en deux questions qui occupent en réalité presque autant de dossiers d’un côté que de l’autre :
– celle de la maltraitance sur enfants réelle et non supposée qui relèverait d’un juge de la famille ;
– celle des mineurs délinquants qui relèverait de la correctionnelle.
Ces deux questions doivent absolument être traitées de façon distincte et le CEDIF s’intéresse d’abord à la question de la maltraitance et de la famille.
Le criminel est-il un enfant ?
Nous n’avons donc pas beaucoup abordé la question des mineurs délinquants si ce n’est pour déplorer la volonté de certains juges et des syndicats d’éducateurs de mettre fin aux centres éducatifs fermés et de mélanger des mineurs en souffrances avec leurs agresseurs (https://comitecedif.wordpress.com/2011/04/05/mineurs-delinquants).
On comprendra donc que l’on ne peut adhérer aux propos d’une juge qui ne voit dans le délinquant mineur qu’un enfant maltraité par la société !
Car comme l’écrit la juge Sultan « le droit de l’enfant peut aussi être un droit à l’irresponsabilité », une belle phrase par l’image d’innocence de l’enfant mais terrible dans son application en terme d’impunité.
En effet la volonté de ne pas différencier la délinquance que certains mineurs font subir et la maltraitance subie par des enfants ne peut que se servir d’un tel propos.
Cette volonté de ne pas distinguer l’innocent du délinquant, la victime du bourreau est désastreuse.
Elle est désastreuse en terme de conception sociétale car elle ne reconnaît aucun principe de responsabilité.
Elle est désastreuse surtout pour les victimes dont la qualité de victime n’est pas au centre de la préoccupation judiciaire.
Quant aux bourreaux, ils ne sont plus des enfants, ils dont devenus des mineurs auxquels on n’oppose plus aucune limite, irresponsables, oui et avec un droit à l’irresponsabilité.
Ce droit là nous n’en voulons pas car il est constitutif d’une position idéologique irresponsable justement quand elle est portée par des juges jaloux de leur « indépendance ».
Le désastre du tout éducatif
Bien sûr on connaît la chanson du toujours plus de moyens pour l’éducation. Catherine Sultan elle veut plus d’éducateurs au nom de cette sacro-sainte et datée ordonnance du 2 février 1945 qui prétend soigner la délinquance par le tout-éducatif.
Ce discours est aussi tenu à des familles bien vite jugées maltraitantes quand elles osent encore fixer des limites chez elles.
Le résultat en est que faute d’avoir le droit de sévir, leur rejeton arrive au tribunal insultant père et mère après avoir tabassé un adolescent pour un regard de travers. La sanction éducative est une séance de prêchi-prêcha, suite à laquelle l’enfant, car c’est un enfant de 15 ans, repart pour son stage d’ULM avec son éducateur.
Le droit à l’irresponsabilité disait-elle … celui qui casse les victimes et font de certains enfants des bourreaux. Victimes et bourreaux placés dans le même foyer.