Le dossier noir français pour le traitement des autistes est déjà bien chargé et participe à cette nécessaire correction que le public doit faire quant à la notion « France pays des droits de l’homme ».
La vidéosurveillance, dans quelles conditions ?
Quelques lignes supplémentaires doivent cependant être consacrées à cette maltraitance institutionnelle. Il s’agit cette fois de dénoncer la pratique de vidéosurveillance permanente de jeunes et moins jeunes autistes telle que pratiquée dans le Maison d’accueil Vercors, située, comme son nom ne l’indique pas, en Seine et Marne.
A priori l’affaire n’est pas aussi choquante que bien des atteintes aux enfants et aux familles que nous avons l’habitude de dénoncer.
Mais regardons-y de plus près ne serait-ce que pour comprendre ce que cette pratique a de troublant concernant le respect de la dignité de tout être humain.
Ainsi, si la télésurveillance est encadrée c’est aux fins de ne pas porter atteinte de façon disproportionnée à l’intimité de la vie privée. La pratique d’enregistrement suppose donc une déclaration à la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL) avec droit de consultation, de modification, de rectification, de suppression des images par les personnes filmées.
Pour autant on comprendra qu’un malfaiteur pris en flagrant délit ne devrait pas pouvoir mettre en cause le moyen de preuve, soit-il une caméra (http://ripostelaique.com/voleuse-de-sacoche-depose-plainte-contre-victime.html).
On ne sera pas non plus insensible à l’argument de protection des patients face à des risques d’épilepsie supposant une surveillance permanente. C’est là une justification mise en avant par un des éducateurs du centre.
Une incontestable atteinte à la dignité
Seulement voila, aucune remontée de crise épileptique n’a jamais été répercutée par ses collègues occupés à visionner les séquences vidéo.
A fortiori les familles n’étaient pas informées de cette « mesure de précaution » et le foyer n’a jamais fait la moindre déclaration CNIL de ses moyens d’observation placés notamment dans les chambres.
Reste donc à connaître les véritables motifs de ce reality show permanent accessible à l’intégralité du personnel du centre.
Voyeurisme ? Certains ne manquaient pas de se moquer de certains passages exposant la vulnérabilité des patients comme le précise un des éducateurs.
Pour aller plus loin et voir la video réalisée par la maman :
http://www.leparisien.fr/societe/des-cameras-pour-espionner-des-autistes-29-06-2016-5923215.php
Un habituel constat
On a du mal à croire qu’un tel « fait divers » soit isolé.
On en retiendra cependant trois points :
- Les pensionnaires autistes d’un foyer ont moins de droits que les délinquants.
- Des faits passibles d’un an de prison et de 45 000 euros d’amende ne sont pas sanctionnés et ne le seront éventuellement que si la pratique continue.
- Les parents qui dénoncent peuvent craindre des représailles.