Réponse à nos saigneurs

Toute approche critique de l’État social français, en particulier en ce qui concerne les services de la protection de l’enfance est interprétée par les défenseurs sourcilleux de la mise sous tutelle des familles comme un complot contre les institutions.

La défense de l’enfant, de la famille et plus largement de l’individu à travers le principe de subsidiarité suscite une vive hostilité, ceux qui nient nos prérogatives nous interpellent :

« À ceux qui développent une conception de la société livrée aux égoïsmes des forts, aux échanges strictement marchands, au primat de l’assurance individuelle, à la défiance à l’encontre de l’État Républicain et de ceux qui le servent, nous répondons que ce n’est pas ainsi que se mènera la lutte pour le progrès économique, social et environnemental : contre la pauvreté, le chômage, le déclassement, la solitude … »     

La tirade en l’occurrence est signée de Thierry Baudet, président de la MGEN et du groupe Istya. Elle n’avait pour seul but que de défendre son fonds de commerce qui est l’assurance mutualiste d’où sa pique contre l’assurance individuelle. Mais on peut retrouver au mot près les mêmes conneries dans la bouche d’un éducateur lambda, d’un militant des Indignés, d’Attac ou d’un responsable syndical FSU.

Il convient donc de décrypter ce laïus et ceux qui le tiennent afin de démasquer les intentions sous-jacentes.

Commençons par le plus évident : la tirade vise l’administré critique du travail des fonctionnaires puisqu’elle englobe pour les condamner ceux-là même qui développent  « la défiance à l’égard de l’Etat Républicain (avec un grand R bien sûr) et de ceux qui le servent ».

Développer une telle défiance reviendrait donc à vouloir que la société toute entière soit livrée à l’égoïsme des forts.

Diantre, mais qui sont ces forts au juste ?

S’agit-il des personnages de « Rose mafia », fonctionnaires et représentants du peuple liés à des réseaux de connivences politiques et percevant les dividendes d’une corruption à la charge des contribuables ?

S’agit-il de ces hauts fonctionnaires richissimes dont les media parlent beaucoup moins que des patrons du CAC 40 ? Leur différence étant qu’à défaut d’être salariés de leurs seuls actionnaires, ils sont à notre charge quelle que soit notre fortune, nous tondent à coup de TVA et nous répondent par des lettres-types polies sans jamais satisfaire nos demandes.

S’agit-il encore de ceux qui poussent des mamans, des papas au suicide ou bien qui les infantilisent disposant du pouvoir absolu de gâcher l’avenir de nos enfants au nom de la création de postes et des rallonges budgétaires ?

Non visiblement, ce ne sont pas ces forts-là dont il convient de parler. En effet, il suffit de critiquer la corruption des élites, les traitements des super-fonctionnaires ou la logique de l’aide sociale à l’enfance (ASE) pour nous voir accusés nous-mêmes de soutenir l’égoïsme des forts.

Alors disons-le tout net, l’égoïsme des forts nous dérange quand il ne trouve à se réaliser que dans le malheur du peuple !  Par contre, si l’égoïsme des uns sert la satisfaction des besoins des autres alors il ne nous dérange pas le moins du monde.

Allons plus loin dans l’analyse de notre prise à partie par quelques syndicalistes, éducateurs et alter-comprenants … l’égoïsme des forts, qu’ils osent dénoncer selon le principe de la paille et de la poutre, est aussi lié aux échanges strictement marchands. C’est-à-dire à des échanges par lesquels celui qui vend trouve à satisfaire le besoin de celui qui achète et qui consent à l’achat.     

Le principe de l’échange marchand peut ainsi être opposé à d’autres formes d’échanges, telles que :

Soupe électorale : un échange démocratique

–          L’échange démocratique à travers lequel nous négocions notre suffrage contre des promesses électorales. Cet échange permet à nos élus de disposer de nos biens, de nos vies, de nos enfants par les lois qu’ils votent et mettent en application avec notre consentement démocratique puisque nous les avons élus même si nous n’avons pas voté pour eux.

–          L’échange administratif par lequel un fonctionnaire est censé répondre à un besoin social difficilement estimable. Ce qui permet d’ailleurs aux agents publics de surestimer leur rôle, d’adopter une vision quantitative et non qualitative, d’où des revendications en matière de rémunération coupées de toute mise en adéquation avec des besoins satisfaits voire des nuisances occasionnées.

Cet échange administratif est au cœur de la tirade de Thierry Baudet puisque ceux qui servent l’État Républicain mènent une lutte contre la pauvreté et le déclassement, contre le chômage et la solitude. Et s’ils échouent ce sera à cause de gens comme nous.

Il est vrai que nous ne nous payons pas de mots et osons rappeler à nos « saigneurs » qu’en matière de pauvreté et de déclassement, ils font des enfants placés aujourd’hui les clochards de demain, qu’en matière de chômage ils ont privé nos enfants d’une formation de qualité permettant l’accès à des emplois qualifiés. Sur le terrain de la solitude, accordons-leur ironiquement le mérite de trouver de la compagnie à des enfants uniques placés dans des familles d’accueil, puisque les parents ne comptent pas forcément pour eux comme des êtres humains dignes de ce nom aptes à fournir un accompagnement.

Je comprends bien le raisonnement de ces syndicalistes et alter-comprenants. J’adhère à leur procès d’intention.

Oui, quand on critique ceux qui servent l’État Républicain en la personne d’une administration en particulier, je parle de l’aide sociale à l’enfance (ASE), quand on énonce et explique que leurs abus ne sont pas de simples dysfonctionnements mais font système, alors on ne peut que développer une logique favorable à cet échange marchand qu’ils vomissent.

Mais là encore il me faut m’expliquer et je le ferai à travers une historiette.

Imaginons un petit village de province et ses deux boulangers.

Le premier est un égoïste concentré sur son chiffre d’affaires. Il se lève tôt, travaille dur, a investi dans un matériel coûteux et développe de nouvelles recettes. Il a pu ainsi s’acquérir une très bonne réputation dans le bourg et aux alentours. Ses clients sont des égoïstes, ils n’achètent pas son pain pour lui faire plaisir mais pour satisfaire uniquement leur besoin de consommer du pain de qualité.

L’autre boulanger est tout aussi égoïste mais ce travail l’ennuie, il le considère trop difficile et n’est pas très aimable avec sa rare clientèle. Avec le peu d’effort qu’il consent à fournir il ne peut produire qu’un pain médiocre et sans saveur. Il est au bord de la faillite, ce qui n’est guère étonnant.

Bien sûr, me direz-vous, dans cette historiette il y a un faible, le mauvais boulanger, et un fort, le bon boulanger. L’un est pauvre et l’autre riche, mais après tout chacun n’est-il pas rémunéré à la hauteur de sa capacité et de sa volonté de servir les besoins des autres ?

Même si le mauvais boulanger n’est pas de mon avis, je ne considère pas que cette situation découlant de l’échange marchand soit injuste.

Poussons un peu plus loin l’histoire. Introduisons des échanges administratifs et démocratiques. Le mauvais boulanger qui travaille seul, faute de pouvoir embaucher, obtient d’amis élus une loi qui impose deux jours de fermeture hebdomadaire à son concurrent, voilà déjà une augmentation du chiffre d’affaires assurée pour le mauvais boulanger. Il n’a rien non plus à perdre à imposer la création de lourdes charges sociales, ainsi le coût de la masse salariale de son concurrent explose sans que les salariés ne perçoivent un meilleur salaire. Le surcoût est compensé par une hausse du prix du pain du bon boulanger et par une baisse de ses bénéfices. Le mauvais boulanger pourra alors récupérer la clientèle la moins fortunée de tout le bourg, les pauvres seront condamnés à manger du mauvais pain.      

Finalement, les échanges administratifs et démocratiques permettent d’assurer l’égalité entre le bon et le mauvais boulanger. Dégoûté de ce que l’effort ne paie plus, le bon boulanger cesse de vendre du bon pain.

Dîtes moi alors un peu qui est le faible et qui est le fort dans cette histoire ?

Mais ce n’est pas fini.

La nouvelle demeure du mauvais boulanger

Flatté d’avoir des amis si puissants qui le soutiennent, le mauvais boulanger vante sa connaissance des pauvres. Si supérieur vis-à-vis d’eux, il considère décidément que son métier n’est pas à la hauteur de son égoïsme et obtient de se faire recommander afin de prendre en charge le pôle solidarité du département. 

Voilà notre mauvais boulanger, bon à pas grand-chose, sauf à intriguer, qui se propose à son tour d’offrir un service administratif à une de ses anciennes clientes, mère célibataire de deux enfants de 1 et 5 ans.

Afin de participer à la lutte contre la pauvreté, le déclassement, le chômage et la solitude, ce fier serviteur de l’État Républicain fait réaliser par ses services un rapport social qui permettra de préconiser le placement des enfants dans une famille d’accueil. À la mère en pleurs qui n’avait pas bien compris l’intérêt de cet échange administratif correspondant à ses besoins non formulés, il expliquera agir pour l’intérêt supérieur de ses enfants.

Quand une association de défense de la famille appellera le secrétariat de l’ex boulanger raté, la petite chanson reprendra : «  À ceux qui développent une conception de la société livrée aux égoïsmes des forts, aux échanges strictement marchands, à la défiance à l’encontre de l’État Républicain et de ceux qui le servent … »  

Xavier Collet  

Ils disposent du corps de nos enfants

Valeurs Mutualiste, le journal de la MGEN (mutuelle des enseignants, engagée à gauche) en son numéro 251 vante l’éducation sexuelle des  enfants en prenant pour exemple l’enseignement à la sexualité dans le canton de Genève de la maternelle à la fac.

Cet enseignement est dispensé là-bas par le service de santé de la jeunesse et est obligatoire aussi bien dans le privé que dans le public, voila donc des débouchés trouvés pour certains fonctionnaires de l’enfance.

Comment vendre une éducation sexuelle obligatoire aux petits, c’est-à-dire comment permettre à des adultes de parler de sexe à des enfants que cela plaise ou non aux familles ?

Valeurs Mutualistes nous refourgue cette prestation malsaine au nom d’une prévention des abus sexuels auprès des 7-8 ans. L’objectif de cet enseignement est là de permettre à l’enfant de savoir vers qui s’adresser en cas de besoin, on comprendra qu’en cas d’atteinte à leur intimité les enfants sont invités à s’adresser non pas à leur famille mais à ces « éducateurs à la sexualité ». Il reste à s’interroger sur la façon dont un jeune réagirait s’il se faisait tripoter par un de ces éducateurs ? Eh oui, puisqu’il n’est pas invité à se confier à sa famille mais à ces gens.

À côté d’un programme consensuel mais non enseigné par ceux qui le devraient, les éducateurs sexuels au nom de la « lutte contre les préjugés et les représentations » quelquefois issus du milieu familial,  expliquent aussi l’homosexualité.

Si de tels enseignements ne sont pas organisés systématiquement par les services de santé et de l’enfance en France, le planning familial intervient souvent dans le cadre de la loi relative à l’avortement et à la contraception, le code de l’éducation prévoit ainsi « une information et une éducation à la sexualité sont dispensés dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupe d’âge homogène ».

Cette information est sous-traitée le plus souvent à l’occasion d’expositions comme le « Zizi sexuel » pour les primaires et le collège, on y apprend comme on fait les enfants, comment on embrasse, comment on se masturbe.

Le planning familial, rebaptisé Centre de Planification ou d’Education (anti ?)Familiale, aussi est très apprécié dans les écoles puisque, rien que pour l’année 2010, 829 mineurs s’y sont rendus dans le seul département rural du Cher. Les adolescents peuvent y être invités à se faire expliquer la sexualité. Cher Magazine, dans son numéro 30, insiste sur le droit des mineurs à la sexualité en leur proposant de « croquer la pomme en évitant les pépins ! ». Les assistantes sociales y exercant sont « toutes volontaires pour informer les jeunes et les accompagner dans l’exercice de leur droit à la sexualité ». « Ici, les jeunes savent qu’ils ne seront pas jugés mais suivis avec empathie« . Pas jugés comme ils pourraient l’être dans le cercle familial peut-être ? Mais ne revient-il pas à la famille de fixer des limites, des repères, et comment permettre à des jeunes de grandir sainement quant il est question de les inciter à « croquer la pomme » et de les accompagner dans une telle démarche ?

L’assistante sociale continue : « Nous assurons aussi les entretiens préalables et postérieurs à l’interruption volontaire de grossesse ».

Oui vous avez bien lu, il est possible pour une mineure non émancipée de se faire avorter sans le consentement parental, c’est-à-dire même si les parents refusent ou le plus souvent sans qu’ils en soient informés. Elle devra alors se faire accompagner devant le médecin pratiquant l’IVG par une personne majeure de son choix, le plus souvent un adulte du planning familial, une assistante sociale. L’anonymat est garanti et les frais pris en charge par les contribuables.

Il n’est pas question ici de se positionner sur l’information sexuelle aux mineurs, le recours à la contraception ou à l’avortement.

Mais de mettre en évidence la disqualification de la famille de ces domaines qui touchent à l’intimité, ceci par le biais de lois que l’on saurait qualifier autrement que comme attentatoires à l’institution familiale.

En effet, dans une société saine il n’appartient pas aux agents de l’État de se créer de nouveaux postes pour  parler de sexe et d’orientation sexuelle à nos enfants, encore moins de leur faciliter une prise de décision qui relève de la maturité telle que l’avortement. Pourtant, les créateurs de faux droits, au nom de la protection de la santé et de l’enfance ont créé pour les mineurs un droit à la sexualité  et à la prise de décision irréversible, voila une autre façon de briser des familles, de créer des traumatismes insurmontables sans avoir à en payer le prix car l’ex garde des Sceaux Guigou avait prévu l’irresponsabilité civile des adultes accompagnateurs d’IVG.