Donne moi ton horloge, je te dirai l’heure !

Mon précieux

Le procès du terroriste Carlos a eu lieu en décembre 2011 au Palais de justice sur l’île Saint Louis à Paris. Le coin est plutôt plus mal, classieux ou pas dégueu c’est selon, un brin rococo mais bon il y a de belles choses à y voir à l’occasion d’une promenade.

D’ailleurs quelques magistrats de sortie arpentaient encore le bitume aux abords du Palais il n’y a pas si longtemps. C’était, il me semble bien, pour manifester contre Sarkozy. Ils se plaignaient alors de leur stress, du manque de moyens pour la justice (https://comitecedif.wordpress.com/2011/04/19/cosettes-ou-thenardiers/)

 Pour la petite histoire on ne saura pas si le personne principal de notre récit avait manifesté, mais en tout cas, assesseur suppléant pour le procès Carlos, il n’avait d’yeux que pour la magnifique horloge Empire du bureau  du Président de la Cour d’assises. Belle pièce ma foi, plus agréable à regarder que la copine défraîchie du terroriste.

Eh c’est que la chose est classée au mobilier national et date du 19ème siècle, on parle de l’horloge bien évidemment.

Stressé et nécessiteux, le magistrat ne devait pas pour autant donner complètement tort au terroriste marxiste. Quelle idée effectivement de narguer un pauvre magistrat de 62 ans en fin de carrière avec le spectacle d’une si belle pendule qu’on ne lui offrira même pas lors de son pot de départ !!!

Justice sociale bien ordonnée commence toujours par soi-même.

En méditant cet aphorisme, notre magistrat attend la fin du procès pour la journée, certainement plus absorbé par son projet que par les interminables plaidoiries des avocats du diable.

Dès que les lieux sont évacués, ni vu ni connu, il embarque le précieux objet de ses désirs sous l’œil alerte de la caméra de vidéo-surveillance.

Il quitte le tribunal après avoir emballé la chose de 70 centimètres sur 30 dans un sac de toile et exhibe le fruit de sa luxueuse concupiscence à son épouse : « T’as vu comme elle est belle ! ».

Évidemment le forfait ne passe pas inaperçu : le lendemain à la première heure l’absence d’horloge saute aux yeux d’un fonctionnaire qui trouvait le temps long. Difficile effectivement de cacher à un fonctionnaire la disparition d’une horloge, objet absolument indérobable pendant les heures de service.

Le président de la Cour d’assises est immédiatement alerté du forfait, pensez-vous son bureau ne ressemblait plus à grand-chose sans son horloge. C’est dire que l’affaire est prise très au sérieux et la police est sommée d’enquêter sur le champ. Le coupable devrait être facilement démasqué avec toutes les caméras présentes dans le Palais, affirme le commandant de la place devant les magistrats indignés.

Notre sexagénaire en robe rouge manqua alors de se trouver mal d’autant que de retour en ses pénates sa charmante moitié risqua l’outrage en lui disant : « Mais Dominique t’es tellement con que t’as fait cela devant les caméras et sans précaution je suis sûre ! »

Il semble bien que ce détail avait échappé à la sagacité du juge capable d’un coup d’œil de distinguer le coupable de l’innocent : « Putain j’ai merdé grave ! »

Il retourne donc dès que possible au Palais avec son précieux larcin, espérant, la mort dans l’âme, le remettre à sa place. Mais ne pouvant plus accéder discrètement au bureau du président, l’esthète magistrat emprunteur retourne assumer sa charge d’assesseur suppléant.

Le moins que l’on puisse dire est que son esprit est ailleurs, l’exposé des crimes du terroriste l’émeut moins que la suite des évènements en ce qui le concerne.

Il profite d’une suspension de séance pour feindre d’avoir trouvé dans la salle des pas perdus  un sac de toile au contenu qui fait tic-tac.

Tel Gollum, la mort dans l’âme, il ramène son précieux (voir video) au poste de commandement militaire.

L’incident est clos ? Que non. Le Parquet de Paris lance une enquête pour vol et les bandes de video surveillance sont visionnées.

Et là que voit-on ?

Dans un rôle qui n’était pas que de composition, le digne magistrat une première fois  sortant avec la pendule sous le bras, puis une deuxième fois avec le même objet mais en sens contraire.

Face à l’évidence il avoue et sera privé de délibéré au procès du terroriste.

On lui épargne certes les bracelets, mais le procureur engage des poursuites à son encontre.

Dominique plaide coupable.

Il obtient sa mise à la retraite le 3 janvier et est condamné le 17 janvier 2012 à 6 mois de prison avec sursis et à 2 000 euros d’amende.

On ne lui a pas offert l’horloge pour son départ ni même un pot à ce qu’il parait.

On espère donc que le nouveau gouvernement augmentera les moyens de la justice ne serait-ce que pour payer des copies du mobilier national à ses retraités méritants.

Trois ans de répit pour les enfants

Alors que nous nous penchions sur un mémoire réalisé par une future directrice d’établissement sur un foyer d’accueil d’urgence, nous apprenons que ce même foyer pratiquait à titre habituel de graves maltraitances sur ses protégés. 

Les sévices sociaux enlèvent des enfants sous prétexte de maltraitances et pratiquent des placements en foyer injustifiés dans 50 % des cas.

Atterrant non ?

Mais pire, vos enfants enlevés sans la moindre maltraitance vont en  subir une, et une vraie celle-là, entre les mains des professionnels de l’enfance.

Quand la protection de l’enfance tabasse et humilie les gamins …

Des faits pas si isolés que le prétendent les Conseils Généraux.

 Tenez, alors que nous nous étions intéressés de près au mémoire rédigé en 2007 sur le Centre Départemental Enfance et Famille Villepinte par une future chef d’établissement d’accueil pour enfant (https://comitecedif.wordpress.com/2011/06/27/le-blues-de-leducateur/), un mémoire relevant un problème grave de motivation des personnels, nous n’avions pas relevé encore que des enfants y subissaient à cette époque de véritables calvaires.

Depuis le centre de placement d’urgence foyer de l’enfance (CDEF)  de Villepinte a été fermé.

Les faits qui s’y sont produits consistent en des mauvais traitements gravissimes à même de laisser des séquelles, voire de tuer les enfants, puisque les éducateurs ont dû répondre d’actes aussi lourds que des douches froides, des coups. Les enfants étaient aussi enfermés, humiliés, forcés de faire des pompes dans la boue, ce dont d’autres salariés avaient été témoins.

Les langues ne se délient pourtant pas facilement dans ces lieux d’abandon, ceux qui ont parlé ont essuyé les foudres du directeur comme cette Madame L, psychologue spécialisée poussée à la démission et qui alertera heureusement les pouvoirs publics.

La brigade des mineurs va alors pouvoir intervenir pour enquêter et faire éclater la vérité.

Le tribunal correctionnel de Bobigny saisi en 2009 se montrera cependant clément puisqu’il prononcera la relaxe d’Abdelkader B et Cédric B, deux éducateurs soupçonnés de mauvais traitements sur enfants, relaxe aussi pour le directeur du foyer accusé de cautionner de telles pratiques.

On aurait pu en rester là suite à la relaxe générale et on a l’habitude d’enterrer ces affaires me direz-vous.

Et pourtant, le parquet fera appel de la décision de justice qui est repassée en janvier 2010 devant la cour d’appel de Paris.  Celle-ci condamnera les éducateurs de choc à 6 mois de prison avec sursis et 3 années d’interdiction d’exercice de leur profession.

Trois ans de répit pour les enfants avant que cela ne recommence avec peut-être le même directeur relaxé pour faute d’éléments probants – et dont on ne peut même pas citer le nom –  ?