Enfances Volées

assuntL’émission Infrarouge sur la chaîne suisse romande RTS a donné l’occasion d’un édifiant débat sur l’indemnisation des victimes de la Confédération Helvétique.  

Ces victimes sont des adultes dont la jeunesse et parfois toute la vie a été gâchée par des décisions de placement dans des familles d’accueil, des foyers, des orphelinats, des centres de détention. Des placements qui font désormais scandales et qui sont aussi peu justifiés que le sont bien des placements qui ont encore lieu de nos jours.

Le massacre des Innocents

Le débat fait suite à la projection du film « Enfances Volées » de Markus Imboden.

Ce débat rebondit sur la mise en évidence des violences, maltraitances, humiliations subies notamment par le petit Max suite à la décision de juridictions suisses.

Sur le plateau, des témoignages forts de victimes comme ceux de Jean-Louis Claude, de notre amie Ursula Müller Biondi (voir aussi interview par le CEDIF), de Clément Wieilly.

Jean-Louis Claude parle d’enfants qui n’étaient même pas scolarisés. Il évoque des faits de meurtres, de viols impunis. Ses mots frappent juste lorsqu’il évoque aussi ces enfants placés chez des paysans pour devenir un main d’œuvre gratuite et donc exploitée.

Poussé à en dire davantage, il révèle avoir été violé régulièrement dès l’âge de 11 ans par un curé en institution !

Ursula Müller-Biondi en vient à ceux dont le sort a été pire que celui réservé à des prisonniers de droits communs ; elle dit la promiscuité traumatisante avec des tueuses. Son statut était celui des internés administratifs sans jugements car ils n’avaient rien fait pour mériter une sanction pénale. Officiellement, elle était de ces jeunes placés dans une  maison de rééducation ». Son bébé est né dans cette prison et devait être voué à l’adoption, peut-on imaginer tomber plus profondément dans le désespoir face à une telle situation ? Mais Ursula a été forte, elle s’est battue, d’autres n’ont pas eu cette ressource et ont sombré.

Des dossiers embarrassants

Clément Wieilly a parcouru la Suisse romande et répondu aux victimes, comme lui, de placements dans leur enfance. Il constate que les politiques cherchent à se donner bonne conscience. Gênés, les décideurs du plateau se murent dans le déni et tentent de le faire taire en prétendant admirer le travail de Monsieur Wieilly, une tactique de diversion politicienne s’il en est.

Une admiration de simple façade effectivement puisque Clément Wieilly travaille dans l’association agir pour la dignité  sans aucun moyen ; que la fameuse Conférence des Directeurs des Affaires Sociales (CDAS) n’a pas voulu l’écouter.

Rien que pour savoir qu’il avait une sœur, Monsieur Wieilly a dû se déplacer, se faire accompagner par une représentante de la Croix Rouge, en appeler aux media. Il nous montre bien que les victimes dérangent, qu’elles doivent se battre bien des années après, pour avoir le droit à une bribe de cette vérité que les fonctionnaires du social et les politiques veulent enterrer.

Il met en évidence que toutes les saloperies commises sur ces enfants, aujourd’hui dans la maturité, sont traitées pour la galerie à travers des procédures administratives et judiciaires ouatées et complexes.

On n’a pas d’affect quand on est un fonctionnaire de la misère de l’enfance, toutes les enfances volées ne sont que des numéros, des cold cases que l’on aurait voulu effacer comme on l’a fait pour les données les plus importantes de leur vie. Voilà l’impression que nous a donné les réactions des officiels aux propos des victimes.

On veut des noms !

Joëlle Droux, historienne, notamment des politiques de l’enfance, confirme bien la réalité des violences et des maltraitances institutionnelles. Elle précise que de telles politiques ont été conçues comme progressistes. Progressistes oui, ce terme si à la mode pour qualifier la gauche et ses politiques collectivistes de transformation sociale.

Elle évoque aussi l’origine des placements, lesquelles résultent de lois votées et de décisions prises par des tribunaux.

Là est la plus lourde des responsabilités, celle d’autres salauds qui savaient ce qu’ils faisaient : des magistrats, des travailleurs sociaux, des politiques. Le cœur de l’État social qui utilisera aussi ces enfants comme cobayes médicaux, qui procédera à des stérilisations, des rapts de bébés, des avortements forcés.

En face des victimes on ne trouve pas de véritables bourreaux, mais de ces officiels ternes qui proposent leurs cautères sur jambes de bois.

D’abord Francis Egger, pour l’union Suisse des paysans. Il a tout de même le mérite de faire voler en éclat la vacuité de la notion de responsabilité collective, avec le tort tout de même de relativiser. En effet, il s’exprime ensuite sur la présentation du héros du film, le jeune Max, exploité dans une famille de paysans pauvres et alcooliques. Il pense tout fort que d’autres enfants ont pu être sauvés par des familles de paysans et que l’on n’en ferait pas un film !

On entre là dans le domaine de statistiques qui n’ont jamais été réalisées au nom de la relativisation des malheurs, une démarche que l’on connaît bien lorsqu’il n’est pas question d’admettre sa faute. Mais une démarche qui ne saurait convaincre personne, le gâchis d’une vie, le ressenti terrible d’une enfance violée n’entre pas dans les statistiques.

Cependant, comme il le précise, la décision de placement n’était pas celle du monde paysan et les paysans qui ont profité de ces décisions ne sont pas tous les paysans. On peut le suivre sur ce point on rappelant qu’il y a des responsabilités individuelles qui sont indéniables et inexcusables.

Il fallait le dire, il l’a dit.

Mais une fois cela dit, il faut aller plus loin : ces responsabilités individualisables supposent que l’on mette un nom derrière ces responsables. Que l’on désigne les salauds et qu’on les fasse payer, quant à ceux qui ne sont plus de ce monde, que leur mémoire en soient irrémédiablement entachée. On aurait alors complètement répondu au sujet du débat qui est, il faut le rappeler : qui doit payer ?

Effacer les traces les plus marquantes 

Luzius Mader, représentant du gouvernement, parle d’une recherche de la vérité et d’une solution du problème, blablabla, on retiendra surtout les directives émises pour l’accès aux archives.

Voilà qui est d’ailleurs fondamental quand on sait que certains cantons ont détruit les archives relatives aux mesures de placement afin que les victimes ne puissent jamais demander des comptes aux coupables. Joëlle Droux montre l’ironie ou le cynisme des autorités qui expliquent cette destruction par « le respect des personnes qui pourraient être stigmatisées si quelqu’un pouvait avoir connaissance de ces dossiers ». Comme si la honte devait être pour la victime plus que pour ses bourreaux.

Jean-Louis Claude devrait-il avoir honte d’avoir été violé, devrait-il se faire payer en retour pour avoir subi ces outrages ?

Non, il veut avoir enfin accès à des archives non expurgées dans lesquelles il pourrait lire le nom de ceux qui lui ont fait subir ces violences pour leur demander, à eux, de s’expliquer. C’est d’eux qu’il attend des excuses, pas d’obscurs ministres dont personne n’a rien à foutre dans cette terrible affaire. Plus que toute autre demande, celle de Jean-Louis Claude est légitime.

Pour la demande d’indemnisation financière, Michel Thentz, représentant le Jura annonce son petit Téléthon des cantons (ou la loterie romande – appelée aussi impôt sur la connerie -) pour alimenter un fonds d’indemnisation aux victimes.

Voila qui est dérisoire surtout quand au final nul ne veut payer et qu’il faudra en venir à mettre à contribution les Suisses pour les saloperies faites par ceux qui pourront passer au travers des mailles du filet.

Les enfances volées, cela continue aujourd’hui.

Le mot de la fin prend aussi toute son importance : « Est-ce qu’on est sûr aujourd’hui qu’on n’est pas en train encore de faire des erreurs dans le placement des enfants, dans l’internement .. Est-ce que l’on fait tout juste ? »

Michel Thentz répond qu’il n’est pas certain que l’on fasse tout juste, mais qu’il est persuadé que des mesures ont été prises pour éviter que cette histoire là ne se répète, il ne se porte pas pour autant garant qu’aucunes fautes ne soient commises.

Il fait d’ailleurs bien de ne pas se porter garant et qu’il laisse tomber ses œillères car oui, nous l’affirmons au CEDIF, des exactions sur mineurs et sur familles commises notamment par les autorités des cantons, par les autorités tutélaires nous en connaissons !

Nous avons parlé ici de la situation faite aux enfants Babel Andrieux par le SPMI, mais aussi des saloperies commises par les autorités tutélaires de Zürich, rien que sur ces deux affaires, parmi bien d‘autres qui nous sont remontées, l’ensemble des décideurs et des instances judiciaires et politiques ont été informées jusqu’à Berne. Michel Thentz devrait donc faire l’effort de s’informer avant de dire des bêtises à moins que la tournée des excuses n’ait lieu que tous les 40 ans.

Administrativ Versogte pour qu’enfin justice soit rendue en Suisse

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Administrativ Versogte qu’est ce que c’est ?

Ce sont les internés administratifs regroupés dans une association éponyme et demandant que justice leur soit rendue.

Qui sont ces internés administratifs ?

Des milliers de jeunes qui, en Suisse de 1942 à 1981, ont été  expédiés à durée indéterminée dans des établissements pénitentiaires, de travail et des maisons de rééducation.

Ces emprisonnements et autres formules de placements sans procès ont pu être décidés par des tribunaux pour enfants, par les autorités du tutelles, par des travailleurs sociaux en vertu des articles 283 et 284a de l’ancien Code civil qui leur permettait de prendre les « mesures nécessaires » pour la protection des mineurs. Ils ont pu convaincre des parents ne se sentant pas à la hauteur de leur tâche éducative que ce placement était pour le bien de leur enfant appelé à être rééduqué de la sorte. Une fois la mesure acceptée, il était trop tard pour revenir en arrière.

Placés en détention pour leur bien ?!!!

Les internés administratifs ont été enfermés par des administrations de protection de la jeunesse dans des institutions où on enferme des personnes dangereuses dont il faut protéger la société.

Voila la conception d’un « placement pour leur bien » selon les sévices sociaux ! On connait aussi cette chanson en France, au Québec et ailleurs.

La réalité c’est qu’au lieu d’aller à l’école et de recevoir un enseignement, ces jeunes étaient soumis à de dures corvées, à des humiliations et à des mesures de redressement. Ils ont été détenus dans de véritables prisons dans lesquelles ils étaient moins bien traités que les droits communs  et devaient travailler sans la moindre rétribution, c’est cela la « rééducation ».

Témoigner de l’inconcevable 

Administrativ Versogte alerte et regroupe les victimes des internements administratifs, chacun peut exposer son calvaire entre les griffes du sévice public, comme le fait par exemple Marianne :

« A 18 ans, on l’a littéralement jetée en prison parce qu’elle avait fugué à plusieurs reprises des foyers où on l’avait placée depuis son enfance. Sans explication, sans soutien, et surtout sans jugement. Sur une simple décision de l’administration, parce qu’on ne savait plus quoi faire pour dompter son comportement décrété ingérable. La seule chose dont je me souvienne, c’est qu’on m’a dit que si je fuguais encore, on me mettrait en prison. Je n’y croyais pas. Quand la police m’a attrapée, ils m’ont internée à Hindelbank, pour un an», raconte Marianne. Dans sa cellule, au milieu de criminelles, la jeune fille a vécu l’isolement total. Avec pour seule compagnie une guitare et des soccolis qu’elle utilisait pour appeler les gardiennes en frappant sur la lourde porte de sa cellule. A sa sortie en janvier 1971, elle est restée en semi-liberté quelque temps. « Comme si j’avais été un danger pour la société!» s’offusque-t-elle. Malgré tout, Marianne a construit sa vie. En occultant cet épisode. »

Le contact avec les droits communs
Prison des femmes et des internés administratifs d'Hindelbank
Prison des femmes et des internés administratifs d’Hindelbank

Comme l’explique Madame Ursula Müller Biondi, qui s’exprime aussi dans une interview pour le CEDIF, le contact avec les droits communs et l’enfermement ne peut que laisser des séquelles psychologiques

Elle évoque ainsi deux prisonnières :

Elsa avait empoisonné trois époux et un fils avec de l’arsenic (le fils « devait mourir » parce qu’il s’était rendu compte que son père avait été assassiné). Lorsque je lui ai demandé avec ma curiosité d’adolescente si elle regrettait ses actes, Elsa m’a répondu : « En aucun cas ! » Et elle s’est empressée d’ajouter qu’elle recommencerait, car selon elle, les hommes le mériteraient.

La meurtrière Barbara m’a raconté avec la plus grande délectation comme elle avait fendu le crâne de son oncle avec une hache – après l’avoir averti à plusieurs reprises en raison de harcèlements sexuels. Elle se replongeait dans cette histoire et semblait jouir formellement de tous les détails. Elle comparait le jet de sang qui avait jailli de son crâne au «  jet d’eau expulsé par l’évent d’une baleine », et décrivait le regard ineffablement stupide et interrogateur qu’il lui avait lancé avant de tomber mort sur le sol. Après le meurtre, elle avait ressenti une faim de loup et une grande soif. Après avoir apaisé les deux, elle avait dormi pendant deux heures avant d’appeler la police. Elle décrivait ces scènes avec délices et cela semblait diablement l’amuser. Elle répétait continuellement toute cette histoire. Elle prétendait considérer sa détention comme une sorte de récompense. Désormais, elle était enfin « libérée de ce porc » et se sentait également en sécurité pour quelques années par rapport à sa famille.

Après ça, je faisais de cauchemars horribles. J’avais 17 ans et j’attendais mon premier enfant ! 

Tous les autres récits de vie se trouvent ici : http://www.administrativ-versorgte.ch/schicksale.html

Qui sont précisément les coupables  ?

Les autorités de tutelle des cantons sont directement coupables.

En effet, l’exécution de ces « mesures nécessaires » devait être assumée par les cantons, mais ces derniers les abandonnaient aux autorités tutélaires.  Les articles de loi  furent donc détournés par les instances de tutelle de manière sournoise puisque le législateur fédéral n’avait pas prévu de surveillance effective de l’exécution des mesures de « protection » par ces mêmes instances

La Confédération et les cantons sont indirectement coupables.

Indirectement coupables mais entièrement responsables de l’exécution abusive et erronée de la loi pour défaut de surveillance de l’application des mesures de protection. Ainsi en fermant les yeux, l’État et les administration dont il est responsable ont offensé et bafoué l’essence même des droits fondamentaux.

Quant au discrédit qui a touché les internés administratifs à leur libération, leur détresse morale et sociale, le trou dans leur CV qui devrait correspondre à une formation professionnelle dont ils n’ont pas bénéficiés, voila des tâches supplémentaires qui éclaboussent l’État.

Rappelons de surcroît que l’abandon de telles méthodes n’est pas volontaire mais résulte des pressions étrangères suite à la signature par la Suisse de la convention européenne des droits de l’homme en 1974.

La psychiatrie n’en sort pas indemne non plus pour avoir donné les moyens et prêté main-forte aux internements : des rapports et  expertises ont permis ces horreurs, sans oublier ces patients qui ont été endormis, de manière à pouvoir être amenés inconscients jusqu’à la prison des femmes de Hindelbank.

Que peuvent obtenir les victimes ? 

Aujourd’hui ces internés se manifestent, ils ont obtenu des excuses mais les maltraitants administratifs n’ont pas été poursuivis et les activités exercées dans une situation d’esclavage n’ont jamais été payées.

Un délégué aux victimes a été nommé et une table ronde est mise en place entre les internés et les victimes, les négociations sont difficiles et il est désormais question de mettre en place un « fonds de détresse et un fonds de solidarité » d’ici 2 à 3 ans. Il est aussi surtout question de permettre aux victimes d’avoir enfin accès à leur dossier, espérons qu’aucun nom ne sera caché et que la vérité puisse libérer les internés administratifs. Reste à savoir encore si ce sont bien les coupables qui paieront car c’est plus de justice dont il doit être question que de solidarité. On ne saurait non plus baptiser de solidarité le remboursement de ce qui est dû, à savoir des travaux forcés jamais payés.

Pour le reste l’objectivation de la faute dans le cadre de crimes d’État est un non-sens. En conséquence, en Suisse aussi la moralisation doit passer par le rétablissement de la justice, nous serons donc très attentifs à l’évolution de ce dossier qui a un caractère de précédant important pour toute victime de placements abusifs et pas seulement en Suisse.

Le travail d’Administrativ Versorgte est admirable, nous leur souhaitons d’aboutir rapidement.

Communiqué : Sur proposition du Conseil décanal, la Faculté décerne le titre de docteur honoris causa à Ursula Biondi, co-fondatrice de l’association RAVIA (Rehabilitierung der Administrativ Versorgten). Par son témoignage et ses actions, celle-ci travaille à la réhabilitation des victimes de mesures d’internement administratif, prononcées jusqu’en 1981. Elle a elle-même été internée au pénitencier de Hindelbank à l’âge de 17 ans pour avoir été enceinte avant sa majorité. Depuis 2002, elle attire l’attention du public sur le sort comparable réservé à des milliers de personnes en Suisse, sur la base de règles de droit et de procédure qui apparaissent désormais incompatibles avec la garantie des droits fondamentaux. Elle a ainsi imposé une réflexion non seulement sur le contenu du droit, mais également sur son rôle et son statut, ce qui constitue un «mérite juridique exceptionnel». 

Cette distinction est un puissant appel au monde politique, afin que ce dernier agisse enfin pour réhabiliter tous les internés administratifs et décide d’aider financièrement les personnes qui ont été gravement affectées par l’internement administratif.

« L’État nous a trahi. Si nous ne sommes pas vigilants tout est possible »

Madame Ursula Müller-Biondi
Madame Ursula Müller-Biondi

Bonjour Madame Müller-Biondi, vous êtes l’auteur d’un livre poignant, Geboren in Zürich (née à Zürich) dans lequel vous faîtes le récit des atrocités, le mot n’est pas trop fort, que vous avez subies. 

C’est donc en tant que premier media Internet français des familles victimes de maltraitances institutionnelles que nous avons souhaité vous interviewer. Nous vous remercions d’avoir bien voulu accepter le principe de répondre à nos questions.

CEDIF : La fin de votre adolescence a pour cadre la prison pour femme d’Hindelbank, vous y avez vécu un enfer sur les préconisation des services sociaux qui entendaient vous rééduquer. Mais quel crime aviez-vous commis pour subir un tel sort ? 

Ursula Müller-Biondi : Mon crime fut d’être jeune, passionnée, de me révolter, et pour couronner le tout, j’attendais, sans être mariée, un enfant de mon grand amour. C’est pourquoi l’État a souhaité me « rééduquer ».

Je suis issue d’une famille italo-suisse : mon père était Italien et ma mère Suisse allemande. Bien que mon père soit né en Suisse et que sa mère soit aussi une Suisse allemande, il a toujours été considéré comme un étranger. Cela a créé de fortes tensions dans notre famille.

À l’âge de 15 ans, afin d’éviter ces tensions dans ma famille qui s’aggravaient de plus en plus, un de mes professeurs m’a conseillé d’aller en Suisse romande comme jeune fille au Pair.

Je pense qu’il m’a aussi conseillé en ce sens parce qu’à plusieurs reprises, il m’a vu avec un œil au beurre noir et des bleues sur mes bras.

Malheureusement en allant dans cette famille d’accueil au pair, je suis passée de la pluie à la tempête. J’ai subi pendant des mois des abus sexuels de la part du père de famille âgé de 38 ans.

J’en suis devenue boulimique et j’ai dû interrompre mon séjour pour retourner à Zürich.

Au retour, mon père a essayé de m’éduquer comme à son habitude, par la violence.

De fil en aiguille, durant cette période plutôt tumultueuse où j’ai fugué à peu près 5 à 6 fois, j’ai rencontré mon grand amour. Il s’agissait d’un Suisse, le futur père de mon enfant. Il avait sept ans de plus que moi. Divorcé, il devait attendre encore un an et demi pour pouvoir se remarier et, à l’époque, il était hors de question de vivre en concubinage.

Comme nous voulions vivre ensemble, nous avions dû partir à l’étranger, là je suis tombée très vite enceinte. Nous savions alors que nous ne pouvions pas retourner en Suisse avant mon quatrième mois de grossesse, mineure, j’aurais risqué un avortement forcé. Alors que j’étais enceinte de 5 mois, j’ai eu un malaise et j’ai dû aller à l’hôpital en Italie. Comme j’e n’avais pas encore la majorité,  je me suis fait renvoyer en Suisse.

CEDIF : De retour à Zürich, ce sont vos parents qui ont accepté de vous placer dans cette prison, ils ne savaient pas ce qui vous y attendait, comment ont-ils été trompés à ce point ? 

Avant l'internement
Avant l’internement

Ursula Müller-Biondi : Afin de m’éloigner de mon ami et de protéger mon enfant à naître, on m’a envoyé à la maison d’éducation de Hindelbank dans le canton de Berne. Cet endroit avait été recommandé à mes parents comme un lieu duquel je ne pouvais pas m’échapper et où je pouvais faire un apprentissage, être formée à tenir un ménage et recevoir une rééducation.

Donc, ils ont signé pour une maison d’éducation et jamais pour une prison. Mais, mes parents n’avaient aucune idée du lieu où j’allais réellement, parce qu’ils avaient une confiance aveugle dans les autorités. Cette confiance aveugle leur a coûté presque 7 000 francs suisse, ce qui représentait une fortune à l’époque !

CEDIF : Ce lieu, Hindelbank, comment « rééduquait-il » au quotidien ? 

Pendant l’internement, notre vie de tous les jours nous mettait en contact avec les condamnées que ce soit pendant le travail, les repas et la promenade d’une heure dans la cour. À partir de 18:30 jusqu’à 6:30 heures du matin nous étions en permanence isolées, toutes seules dans notre cellule de 8,5 mètres et c’était la même chose pendant le week-end.

À cause de ça, aujourd’hui encore, je souffre de claustrophobie.

CEDIF : Est-ce qu’à l’époque les familles Suisses étaient informées des méthodes de « rééducation » et de contrôle social ? 

Ursula Müller-Biondi : Non, je ne pense pas parce qu’ils avaient tous une confiance aveugle dans les autorités.

En plus, parmi les personnes internées administrativement, nombreuses sont celles qui ont subi dès leur enfance une violence physique et psychique inimaginable : châtiments corporels, isolement et abus sexuel dans des foyers, des fermes où nous avons été placés d’office.  Ils avaient pu subir de telles maltraitances également dans des familles d’accueil, comme jeunes filles au pair et même dans leur propre famille.

Finalement, nous atterrissions, soi-disant pour notre « protection », dans des maisons de rééducation qui cependant étaient fréquemment des prisons et dans lesquelles nous restions souvent enfermées pour une durée indéterminée.

En plus, n’oublions pas les milliers d’adoptions, d’avortements, de stérilisations et de castrations forcés !

Les autorités, elles avaient beaucoup trop de pouvoir et personne ne les contrôlaient.

CEDIF : Quel différence alors entre cet « internement administratif » et un internement pénal ? 

hindelbankUrsula Müller-Biondi : On nous distinguait par la couleur de nos vêtements, nous en brun, les autre en bleu.  Pour le reste, les conditions qui nous étaient faites différaient : 

  • Pour les condamnées, c’était l’État qui payait et pour leur travail elles étaient rémunérées.
  • Nous, les internés administratifs avons dû faire le même travail que les condamnées. D’un côté les parents payaient pour la soi-disante  «rééducation» et les frais de soins presque 7 000 francs suisses et, de l’autre côte, nous, les adolescentes censées être protégées et rééduquées étions soumises au travail forcé sans être payées. Pour l’État, c’était une affaire lucrative  !

De plus nous ne savions pas quand nous serions relâchées alors que les condamnés le savaient.

Nous n’avions pas de contacts sociaux ni d’aide psychologique.

Jusqu’à aujourd’hui les hommes et les femmes internés administrativement n’ont bénéficié d’aucune réinsertion contrairement aux condamnés. Jusqu’à la l’excuse officielle du gouvernement Suisse le 10 Septembre 2010, nous, les internés administratifs étions stigmatisées comme des prisonniers ou des taulards.

CEDIF : Dans cette prison vous aviez donné naissance à votre enfant, quel sort était réservé aux bébés nés dans de telles conditions ?

Ursula Müller-Biondi : Les nouveau-nés nous étaient enlevés dés la naissance pour les faire adopter de force.

Moi j’ai eu la chance de revoir mon enfant, mais si je pense, à toutes ces femmes qui cherchent encore aujourd’hui en vain après leurs enfants. (http://www.rts.ch/video/emissions/mise-au-point/873478-le-scandale-des-enfants-voles-en-suisse.html).

Le fait d’arracher un nouveau né, de l’arracher à sa mère est une pratique tout simplement inhumaine.

CEDIF : Étiez vous la seule à Hindelbank à être placée sur les « conseils » des services sociaux ?

Ursula Müller-Biondi : Non pas du tout. Comme c’était lucratif pour l’État les « chambres » cellules il fallait qu’elles soient remplies.

CEDIF : Avez-vous revu ces fonctionnaires qui vous ont envoyé à Hindelbank, ceux qui se sont « occupés » de vous au sein de cet établissement ? Que leur avez-vous dit le cas échéant ?

Ursula Müller-Biondi : Mon directeur Fritz Meyer, je ne sais pas si il vit encore, je pense qu’il a des remords. En 2008, à 90 ans, il disait dans une interview qu’il se demandait comment il a pu accepter « ça », mais les autorités à l’époque avaient beaucoup trop de pouvoir.

Ursula avec son bébé, tous les deux en habits bruns, la couleur des internés administratifs
Ursula avec son bébé, tous les deux en habits bruns, la couleur des internés administratifs

CEDIF : Certains ont-ils fait preuve d’humanité ? D’autres se sont-ils comportés comme de véritables monstres ?

Ursula Müller Biondi : Je m’en souviens comme si c’était hier, je ne voyais plus aucun avenir. Je voulais me suicider car je ne savais pas où se trouvaient mon ami et mon bébé.

Mais j’ai eu de la chance de rencontrer de la compassion : c’est grâce à une Bonne Sœur et à une assistante sociale que  j’ai revu mon enfant trois mois plus tard.

Des monstres il y en avait. Une femme qui était alcoolique, s’était tranchée les veines du poignet. Alors qu’elle était en train de mourir, le directeur parlait d’elle comme d’une alcoolique invétérée et «hystérique».

Mais bien sûr, il y avait beaucoup d’autres exemples affreux !

CEDIF : Ceux dont vous parlez dans votre livre « Geboren in Zürich » ont-ils eu le courage de vous contacter ?

 Ursula Müller-Biondi : Oui, beaucoup d’anciennes internées administratives m’ont contacté. Mais beaucoup veulent rester anonymes, parce que même leurs familles ne savent rien de ce qu’elles ont vécu.

CEDIF : Croyez vous que les décideurs avaient conscience de l’horreur de leur politique ?

Ursula Müller-Biondi : Certains OUI !!! Mais nous étions une affaire lucrative !

CEDIF : Depuis l’administration Suisse s’est excusée, pensez-vous que ces excuses soient sincères, que ce qui s’est passé alors ne pourrait plus arriver aujourd’hui ?

L’état nous a trahi.

Si nous ne sommes pas vigilants, tout est possible.

Partout où des personnes sont livrées à d’autres personnes, il faut particulièrement veiller au respect de la dignité humaine et des droits de l’homme. C’est une des raisons pour laquelle notre association se bat pour la création d’une instance de contrôle indépendante de l’administration ayant le droit de procéder à des contrôles surprises non annoncés à l’avance. Pour justement éviter que certains mettent le profit avant la morale, comme ce fut le cas avec nous.

Les dommages causés aux corps et aux âmes des personnes qu’ils été censés protéger, ont été acceptés souvent pour des raisons purement financières.

Et n’oublions surtout pas que ce sont aussi nos proches, la famille, nos conjoints, partenaires enfants etc. qui doivent souvent porter avec nous ce fardeau. D’ailleurs il y a aussi des conjoints et des enfants de certaines victimes qui se sont suicidées parce que le fardeau de leur partenaire ou mère ou père était trop lourd à porter.

CEDIF : Certains vous ont reproché d’avoir écrit pour dire la vérité, qu’avez-vous envie de répondre à ces négationnistes de crimes d’État ?

Ursula Müller-Biondi : J’ai envie de leur demander s’ils savent :

  • Combien d’adolescents, de jeunes hommes et jeunes femmes internés administrativement ont préféré se suicider plutôt que de subir de telles violences ?
  • Combien de pères et  de mères ont souffert le martyr devant l’impuissance à défendre leurs enfants ?
  • Combien de frères et  de sœurs ont subi la honte et la risée des gens parce que l’un d’entre eux était détenu ?

Pour nous les victimes, il est odieux que l’on utilise la notion d’Internement administratif, parce que la plupart des gens ne comprenaient pas ce que ça veut dire.

C’est sournois, comme cette loi, qui a existé jusqu’en 1981. La notion d’Internement administratif ne dépeint pas la réalité qui était tout autre, puisque nous étions plus mal traités que les prisonniers.

Pour nous les victimes, la notion d’internement administrative correspond à un système arbitraire scandaleux et indigne pour un État de droit comme la Suisse. L’État nous a trahis et piégé pendant l’internement et après notre sortie, il nous a abandonné.

Il nous a infligé des blessures terribles. Elles ne guériront jamais.

CEDIF : Le préjudice est immense, qu’espérez-vous pour toutes les victimes ?

Ursula Müller-Biondi : Il est question actuellement d’un projet de loi relatif à la reconnaissance du tort fait aux personnes internées par mesures administratives, il importe que ce projet soit inséré dans une loi fédérale.

Ceci est nécessaire car c’est l’État et ses autorités qui sont responsables d’une politique familiale et de la pauvreté indigne, politique contraire aux droits de l’homme et discriminatoire.  L’état a dédaigné son devoir de surveillance en fermant systématiquement les yeux sur un point essentiel des droits fondamentaux.

Les représentants Suisses de l’État se sont rendus coupables envers ces jeunes et moins jeunes, qui restent blessés et anéantis à vie par un système ordonné par l’autorité.

Aujourd’hui le temps presse, car les personnes concernées attendent de la deuxième table ronde qui aura lieu fin Octobre 2013 des propositions concrètes pour la mise en place d’un fond pour les cas graves.

Les victimes ne demandent pas l’aumône, mais le remboursement des indemnités non payées pour des travaux forcés. Ces paiements ne seront pas à la charge des contribuables, mais des organisations responsables des faits. Il ne faut pas oublier, ces sommes n’ont jamais été prises en compte par l’assurance vieillesse Suisse (AVS).

On ne doit plus attendre jusqu’à ce que la plupart des personnes concernées soient mortes.

Le 11 avril 2013, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a demandé pardon « sincèrement et du fond du cœur, au nom du gouvernement suisse, pour les souffrances infligées« . Elle a lancé un appel marquant à éviter l’oubli et à lutter contre la tentation d’ignorer ou de refouler les pans les moins reluisants de notre histoire : de quoi non pas clore un chapitre, mais commencer un imposant travail de mémoire.

Nous espérons qu’elle tiendra parole !

Mon appel,

que j’exprime en mon nom, et également au nom des autres victimes, s’adresse à la justice ainsi qu’à la société : Ne permettez pas qu’une telle chose puisse se reproduire ! La sauvegarde absolue de la dignité humaine doit être une loi supérieure.

Merci Madame Müller-Biondi de ce témoignage-interview tout à fait émouvant et de vos paroles pour la Vérité et la Justice.

Pour nos lecteurs qui voudraient en savoir plus, nous conseillons votre site personnel ainsi que celui qui relaie votre appel. 

« Née à Zürich », le scandale des internements d’enfants

Sous le titre « Le scandale des enfants parias », le magazine L’Express dans son numéro du 10 juillet 2013 dénonce des maltraitances institutionnelles sur enfants perpétrés par les sévices sociaux suisses au titre de mesures « post-éducatives ». Informé d’exactions locales se déroulant encore en 2013, le CEDIF a souhaité en savoir plus. 

L’internement « post-éducatif », un soutien à la parentalité ?
Attention : Sévices sociaux en cours à Zürich
Attention : Sévices sociaux en cours à Zürich

Ursula Müller-Biondi est une de ces victimes. Son calvaire a commencé il y a de cela 46 ans, lorsque les sévices sociaux ont conseillé à sa mère, dépassée à l’époque par une fugue amoureuse de l’adolescente, de la placer à ses frais quelques temps dans une maison de rééducation.

Combien de parents ont cru bien faire en acceptant les propositions de travailleurs sociaux, pensant naïvement que cette profession agissait pour le bien de leur enfant ?

Savaient-ils où ils envoyaient leurs enfants alors que la propagande aujourd’hui encore tellement répandue fait des se®vices sociaux de l’enfance des soutiens à la parentalité ?

La vérité c’est qu’Ursula s’est retrouvée emprisonnée pendant 2 ans dans une sorte de foyer carcéral où elle côtoyait des délinquantes.

La normalisation des familles par tous moyens possibles et imaginables

D’autres enfants ont été envoyés dans des familles d’accueil, placés en institut et certains parlent aujourd’hui des viols qu’ils y ont subi.

Pour faire le détail des horreurs perpétrées il faut savoir que les victimes de la puissance publique ont été considérées comme indignes de procréer. C’est bien pour cela que des femmes présentées abusivement « immatures » ou « débiles », et quand bien même, ont été contraintes à avorter ; que, pour le même diagnostic, des hommes et des femmes ont été stérilisées.

La chute dans l’enfer des sévices sociaux était une simple affaire de dénonciation, de suivi social ou d’une expertise psychiatrique désastreuse voire complaisante comme on sait en faire à Zürich et ailleurs. Les jeunes et leur famille étaient étiquetés « alcooliques », « déficients mentaux », « mère célibataire », « prostituée »,  accusés de « mauvaise conduite », « fugue » par le diktat d’une assistante sociale.

Geboren in Zürich

Son enfer dans les sévices sociaux Ursula le raconte en 2002 dans « Geboren in Zürich », née à Zürich (http://www.umueller.ch). Ursula a été exposée à des suicides, des mutilations, elle a été abusée sexuellement, elle a dû se battre moralement mais aussi physiquement pour survivre.

Lors de son « placement » à proprement parler carcéral, elle avait 17 ans et était enceinte d’un homme divorcé. Il était prévu avant même l’accouchement qu’elle ne voit jamais son enfant, lequel était administrativement désigné à l’adoption.

Elle avait le droit de se reproduire, mais pas celui d’être une mère !

Il faudra qu’elle se batte encore pour ne pas perdre son fils. Un combat désespéré de 3 mois pendant lesquels elle n’aura pour autre ressource que de hurler à proprement parler sa maternité.

Il lui faudra ensuite 30 ans pour se reconstruire sur fond de claustrophobie et de boulimie. Oui TRENTE ANS pour qu’elle se libère en racontant son drame.

Qui peut dénoncer son calvaire ?

Le fait que des victimes des sévices sociaux suisses s’expriment est révélateur de la situation faite aux familles et à l’enfance sous prétexte de protection et en réalité de « normalisation » selon des critères définis par l’État.

Aujourd’hui les victimes sont entendues, mais pour s’exprimer et se faire entendre encore faut il pour le moins que les mineurs attendent leur majorité et parviennent à surmonter la honte d’avoir subi. Il faut qu’ils acquièrent le courage d’être montrés du doigts comme ces femmes violées qui n’osent porter plainte de peur d’être salies.

Il est alors toujours facile pour les travailleurs sociaux de prétendre que de telles pratiques n’existent plus.

La séance de contrition collective

Tout va pour le mieux maintenant, il suffisait de demander pardon.

Telle semble être la position des pleureurs publics lors de la séance de larmes de crocodiles du 10 septembre 2010 destinée à s’excuser de telles pratiques mises en place par les autorités de tutelle suisse (sorte d’ASE).

C’est lors de cette séance que des victimes des sévices sociaux de la protection de l’enfance et des autorités de tutelles ont été invitées à exprimer leurs douleurs et leur stigmatisation mais aussi à pardonner et à extérioriser leur soulagement de cette reconnaissance cérémonielle.

Il n’y a donc pas de coupables ? La caution publique permettrait toutes les ignominies et les tâches seraient lavées par un simple pardon ?

Des pratiques révolues. Vraiment ?

Lors de la cérémonie de battage de coulpes, Hans Hollenstein, président du gouvernement zürichois d’alors, avait ajouté que de tels traitements infligés aux enfants ne correspondait plus ni aux idées ni à la jurisprudence actuelle.

La garde des sceaux suisse, Eveline Widmer-Schlumpf, a souligné qu’il fallait veiller à ce que de tels actes ne se reproduisent plus.

Mais qu’auraient fait tous ces politiques contrits en 1980 lorsque ces exactions étaient perpétrés ?

Vraisemblablement rien de plus que leurs illustres prédécesseurs.

En effet, en 2013, l’ensemble de l’exécutif zürichois et Madame Widmer-Schlumpf ont été informés des pratiques du Bureau des Tutelles de Zürich. Pratiques préméditées  permettant de priver un enfant d’une partie de sa famille par sa mise sous curatelle et sans que les principes élémentaires d’un jugement ne soient respectés.

Faudra-t-il attendre 30 ans pour en parler et fermer le dossier après des excuses officielles car combien de parents continuent aujourd’hui à pleurer des enfants victimes de pratiques prétendument révolues ? Et que vaudront alors les excuses de ceux qui n’ont rien appris ?