Un droit mais aussi le premier des devoirs
En tant qu’association de défense de l’individu et de l’institution familiale, le CEDIF a fréquemment dû se positionner face aux atteintes perpétrées par les institutions étatiques contre le droit – devoir parental d’éducation des enfants.
La tentation totalitaire
Nous savons que le glissement vers un État autoritaire voire totalitaire se lit à travers un certain nombre de symptômes ; parmi ceux-ci la prise en charge éducative totale de l’enfant sous prétexte de formation du « citoyen ».
Nos enfants sont l’objet d’une tentation permanente de détournements au profit des détenteurs du pouvoir politique. Nous avons consacré de nombreux articles à cette question en nous penchons dans l’histoire sur la « rééducation » des enfants protestants enlevés à leur famille suite à la révocation de l’édit de Nantes. Un siècle plus tard Danton puis Robespierre veulent transformer les enfants par une éducation républicaine, préoccupation à l’ordre du jour avec Jules Ferry et les radicaux francs-maçons. Il est question alors d’arracher l’enfant à un déterminisme familial et religieux. La bonne école laïque, républicaine, obligatoire cache des motivations moins altruistes puisqu’il s’agissait surtout de soustraire les enfants à l’influence des curés. Il s’agissait aussi, dans le cadre de la République, de s’assurer des électeurs qui consolideraient le pouvoir en place. L’enseignant de l’école publique ou de l’école privé n’était pas neutre, chacun avait une vision du monde à imposer à l’écolier.
La montée des totalitarismes a poussé l’enjeu de la lobotomisation juvénile à un stade plus avancé. L’éducation devenait surveillance de ce qui se passait dans les foyers, des enfants dénonçaient les torts idéologiques de leurs parents car ils étaient d’abord les enfants du Parti.
L’école de la médiocrité ?
Aujourd’hui l’école est présentée comme le lieu par excellence de la socialisation. Ceci pour le meilleur avec des amitiés pour la vie, la construction d’un réseau relationnel, ou le pire avec le culte de la médiocrité, les harcèlements des « non-conformes » au modèle voulu.
Les parents qui ne voulaient pas d’un tel modèle, qui s’inquiétaient des préoccupations obsessionnelles de nature sexuelles, écologiques ou antiracistes de leurs enfants, de leur allergie à la culture, à l’orthographe, aux opérations simples, à la lecture, avaient toujours l’opportunité de ne pas faire pire en exerçant leurs prérogatives éducatives.
C’était sans compter sur un signe de dégénérescence sociétale marqué par l’effondrement du niveau de l’école mais aussi du quotient intellectuel en France. Enfin signe, il faut voir, nous ne sommes pas loin de penser que cette démotion est à dessein : les enfants sont l’avenir et il importerait de ne pas s’embarrasser d’un peuple capable d’envisager sa liberté mais de lui préférer des assujettis sociaux.
Parfaire le contrôle social
Nous en sommes là, si vous pensez que nous exagérons, regardez comme l’expérience sociale du COVID a fonctionné[1], voyez l’explosion de placements d’enfants, constatez l’augmentation des formateurs à la parentalité, des démissions opportunistes de parents d’ensauvagés face aux institutions étatiques qui entendent éduquer à leur place.
Il ne restait qu’un pas à franchir pour ne plus abandonner l’enfant à sa famille, selon une expression utilisée lors des confinements. Les législateurs, soutenus par des campagnes de communication gouvernementale, transformaient des pans d’autorité en violences éducatives ordinaires. Ces mêmes législateurs ont ensuite tiré partie de la crise migratoire qu’ils ont catalysée pour dire (et juger) que l’affirmation de la prérogative familiale en termes d’éducation est une forme de repli sectaire ou communautariste[2]. Il était question de mater ces écoles privées, pourtant déjà largement domestiquées, quant à l’instruction en famille il n’en était déjà plus question alors que la maternelle devenait obligatoire dès 3 ans !
Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents, certes, les voilà soumis à des influences que des parents non démissionnaires ne peuvent que réprouver. Réprouver, mais sans échappatoire, même en cas de harcèlement jusqu’au suicide.[3]
Les engagements de papier tiendront-ils face à la dérive autoritaire ?
Disons-le, l’Etat français a gagné et réduit à rien le principe de subsidiarité dont l’éducation familiale est un des piliers. Cette tentation couronnée est un glissement de régime alors même que les notions d’autorité parentale, et de droit d’éduquer ses enfants existent encore, sur le papier.
L’ONU, qui a accompagné l’extension du champ de prédation idéologique des États, a été placée face à la contradiction entre le principe du droit à l’éducation des parents et un programme éducatif mondial.
Ce sont des parents au sein de « Liberté éducation » qui ont invoqué l’article 13.3 du Pacte international relatif aux droits sociaux, économiques et culturels, article leur permettant de choisir une éducation alternative à l’école : « Les Etats parties au présent Pacte s’engagent à respecter la liberté des parents et, le cas échéant, des tuteurs légaux, de choisir pour leurs enfants des établissements autres que ceux des pouvoirs publics, mais conformes aux normes minimales qui peuvent être prescrites ou approuvées par l’Etat en matière d’éducation, et de faire assurer l’éducation religieuse et morale de leurs enfants, conformément à leurs propres convictions. »
Bien leur en a pris, le texte leur garantissant le droit à une éducation en famille, ce qu’a rappelé l’ONU le 13 octobre 2023 en demandant à la France des mesures nécessaires pour le rétablissement de cette liberté, tout en précisant qu’il en va de l’intérêt supérieur de l’enfant et de la satisfaction de ses besoins particuliers (pensons aux enfants handicapés ou harcelés).
Alors qu’en mars 2024 la loi sur le « séparatisme » s’appliquera sans exception, nous verrons ce que pèse l’injonction de l’ONU dans la dérive du tout État français.
[1] https://libertariens.wordpress.com/2023/07/02/nous-vivons-une-experience-de-milgram/
[2] Cette loi liberticide, votée le 24 août 2021, a d’ailleurs pris le nom de loi sur le séparatisme.
[3] La loi ne prévoit que quatre exceptions en faveur de l’éducation en famille : l’état de santé de l’enfant ou son handicap, la pratique d’activités sportives ou artistiques intensives, l’itinérance de la famille en France ou l’éloignement géographique de tout établissement scolaire public, l’existence d’une situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif. La quatrième exception donne lieu à de nombreux refus des académies.